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Biodiversité : « Si un effort énorme est déployé, on peut enrayer la disparition des insectes »

Le 26 février 2019, Actu-environnement éditait une interview du directeur de recherche au CNRS Philippe Grandcolas : « Si un effort énorme est déployé, on peut enrayer la disparition des insectes »

Nous vous invitons à aller sur le site pour lire l’intégralité de son contenu. Un effort énorme pour enrayer la disparition des insectes

Sinon, prenez le temps de parcourir quelques extraits que nous avons sélectionnés arbitrairement.

Selon une étude parue le 10 février dans la revue Biological Conservation, il ne restera plus d’insectes sur la planète d’ici la fin du siècle. La tendance peut être infléchie, comme en témoigne un plan d’action que l’Allemagne se propose d’engager.

Ce qu’apporte d’original cette étude, c’est un bilan quantitatif sur des périodes de temps. C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas seulement d’un constat qualitatif sur un ou plusieurs lieux, il s’agit d’un bilan des quarante dernières années, c’est une recherche dans la littérature scientifique des études qui montrent le déclin des populations d’insectes

Ce bilan a cependant l’intérêt de montrer globalement que la situation est extrêmement alarmante.

Mais sur les insectes ou sur des organismes moins charismatiques, il n’y a pas cette qualité de suivi faute de contributeurs. C’est regrettable et c’est un travers de nos sociétés qui laissent peu de place à la diversité du vivant et qui sont assez anthropocentriques.

Aujourd’hui, la première cause de ce déclin, c’est l’artificialisation des milieux, on en entend régulièrement parler en termes de déforestation, mais pas seulement.

Il se trouve qu’en France, il y a eu trop peu d’études sur ce sujet, mais on se trouve dans la situation négative décrite par les auteurs.

Plécoptère du genre Taeniopteryx à l’état larvaire

Les insectes des milieux humides comme les perles ou les éphémères sont particulièrement touchés, victimes de l’artificialisation et de la pollution des cours d’eau. Il y a aussi les papillons, les guêpes, les abeilles domestiques, mais aussi beaucoup d’espèces d’abeilles sauvages (900 espèces en France !) qui contribuent à la pollinisation des plantes et qui sont très touchées : assurer la pollinisation devient un challenge. Il faut savoir que 40.000 espèces d’insectes sont présentes en France, avec une grande diversité d’écologies particulières.

Uniformisation des paysages

Un paysage divers est plus favorable à la biodiversité qu’un paysage monotone, c’est une règle générale. Une seconde règle est d’intervenir avec prudence, il faut éviter de pratiquer une ingénierie

Il y a une nouvelle donne à mettre en place pour des relations plus fréquentes et plus efficaces entre scientifiques et politiques, autour d’un changement de société et un éveil des consciences.

Dans des écosystèmes déjà fortement transformés comme ceux d’Europe, si un effort énorme est déployé, on peut enrayer cette catastrophe.

Certaines espèces pourront repeupler certains milieux, par exemple des milieux herbacés ou forestiers laissés en gestion douce avec moins d’intrants, une prairie de fauche, une forêt de mélèzes, des pâtures dans un bocage.

Ephéméroptère du genre Epeorus à l’état larvaire

J’aimerais sentir le même émoi devant la disparition de ces espèces d’insectes que devant un musée qui brûle

Il est infiniment plus simple de laisser la nature fonctionner que de vouloir lui suppléer sur des fonctions essentielles.

Trichoptère de l’espèce Potamophylax latipennis

Que pensez-vous de l’initiative allemande de « plan d’action pour protéger les insectes », qui prévoit un financement annuel de 100 millions d’euros, dont 25 millions consacrés à la recherche et propose de limiter le bétonnage et les émissions lumineuses la nuit afin d’éviter de désorienter les insectes ?

Je n’imagine même pas la possibilité d’une telle mesure en France, au moment où la recherche en général (bien loin des 3 % du PIB) continue à être déshabillée, comme si elle était un luxe coûteux pour la République…