La truite de repeuplement, un non-sens contraire à une gestion durable de nos cours d’eau
Sur les bassins versants de la Sienne et de la Soulles, des truitelles et des truites adultes sont déversées chaque année dans les cours principaux et leurs affluents. La présence de ces poissons suscite l’incompréhension des personnes amoureuses des rivières vivantes.
Sur les bassins versants de la Sienne et de la Soulles, des truitelles et des truites adultes sont déversées chaque année dans les cours principaux et leurs affluents. La présence de ces<p> poissons suscite l’incompréhension des personnes amoureuses des rivières vivantes.
Si vous discutez avec certains pêcheurs, vous verrez leurs yeux pétillés lorsqu’ils vous raconteront la capture d’une « sauvage ». Cependant, quelques instants plus tard, ils défendront bec et ongles la nécessité de faire des « alevinages », autrement dit, de lâcher des truites de repeuplement.
Aussi, dans l’intérêt de nos cours d’eau et, par voie de conséquence, des pêcheurs, notre association souhaite rappeler l’impact des poissons d’élevage sur les populations de truites sauvages.
– Le déversement de poissons d’élevage contribue à sursaturer la capacité d’accueil du milieu. En effet, la quantité de poissons produits par un milieu donné est étroitement liée à l’état de fonctionnement de celui-ci. Aussi, tout apport de poissons contribue à perturber à plus ou moins long terme cet équilibre et à fragiliser la population de truites autochtones.
– Les repeuplements contribuent à modifier génétiquement les populations sauvages de truite. En effet, si l’on est convaincu que la diversité génétique au sein d’une espèce favorise la résilience de celle-ci, alors, en raison de la faible diversité génétique observée chez les populations domestiques, suite à des reproductions entre des truites sauvages et des truites d’élevage, le patrimoine génétique des descendants issus de croisements entre truites domestiques et truites sauvages se trouve diluer. L’une des conséquences se manifeste par une diminution de la capacité adaptative des populations sauvages. Or, en raison des différentes agressions subies par ces animaux, notamment le changement climatique, il devient impératif de préserver la résilience de ces animaux.
– La présence de truites de repeuplement augmente les cas d’hybridation avec le saumon atlantique, autre espèce patrimoniale à l’avenir incertain.
– Le risque de transmission de maladies et de parasites aux populations sauvages est loin d’être négligeable.
Enfin, il serait non productif d’investir des millions d’euros dans la restauration et l’entretien des cours d’eau et, parallèlement à ces actions, d’affecter des dizaines de milliers d’euros à des « alevinages ».
En conclusion, il convient de bien connaître la capacité d’accueil d’un cours d’eau et d’évaluer le niveau de fonctionnement du milieu. A partir de ce diagnostic il devient possible de mettre en place des actions susceptibles de maintenir ou d’améliorer l’état écologique du cours d’eau. Et c’est uniquement dans ce cadre qu’il devient opportun de mettre en œuvre une activité de loisir liée à la pratique de la pêche. Dans la pratique, l’application d’un plan de gestion piscicole et d’un schéma de développement du loisir Pêche permet de tendre vers une gestion durable du loisir pêche.
Cet article a été inspiré par la webconférence de Jean-Luc Baglinière, directeur de recherches à l’INRAe (UMR Ecologie et Santé des Ecosystèmes) sur « La truite commune (Salmo trutta) dans les rivières du massif armoricain ».